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Histoire de la cortisone

 

 

Les corticoïdes de synthèse (appelés aussi glucocortocoïdes de synthèse) sont des médicaments fabriqués par la chimie industrielle qui dérivent de la molécule du cortisol, une hormone naturelle. Ce sont ces mêmes corticticoïdes de synthèse que l’on retrouve dans les dermocorticoïdes c’est-à-dire en crème, pommade ou lotion à la cortisone.

 

dermo dérivé du grec ancien –dérma qui veut dire « peau »

 

 

Histoire de la cortisone de synthèse :

 

 

Tout part de la compréhension du rôle capital des glandes surrénales dans les années 1800, dont nous savons maintenant leur importance dans le sevrage des dermocorticoïdes. 

 

Thomas Addison, un anglais, découvre une maladie à cause des lésions de ces glandes pouvant amener au décès. C’est la découverte de la maladie d’Addison, c’est à dire une insuffisance surrénalienne. 

 

Outre le rôle essentiel qu’elles jouent dans le contrôle de la tension artérielle, ces deux glandes surrénales situées comme leur nom l’indique au-dessus des reins, produisent surtout cette hormone appelée : cortisol. Vous voyez venir le lien dans tout ce schmilblick ?

 

1896 c’est William Osler, médecin canadien, qui montre qu’on peut traiter la maladie d’Addison en administrant aux patients des extraits frais de glandes surrénales d’animaux.

 

1933/1936 Edward C. Kendall, chimiste américain, isole à partir des corticosurrénales ce qu’il appellera « la substance E » en quantité infime.

 

1939 cette substance E est rebaptisée Cortisone. Ça se précise, mais l’intérêt clinique n’est pas évident à cette époque, il est difficile de l’étudier.

 

1949 petit bon dans le temps, un médecin américain Philip S. Hench observe que les femmes atteintes de la « polyarthrite rhumatoïde », une maladie inflammatoire chronique des articulations, se portent bien mieux lorsqu’elles sont enceintes. Et si vous pensez que cela vous a complètement perdu, et bien il y a pourtant un lien. Car les surrénales sont plus actives pendant la grossesse ! Philip S. Hench entreprend alors avec notre Edward C. Kendall une étude sur les effets de la cortisone sur une patiente atteinte de cette maladie auto-immune et miracle et hasard, elle est quasiment guérie. Il faut savoir qu’aujourd’hui la cortisone est utilisée de manière très restreinte pour l’arthrite rhumatoïde en raison des nombreux effets secondaires…

 

1950 ils reçoivent le prix Nobel de physiologie et médecine. La cortisone de synthèse en médicament est créée.

 

1952 c’est à partir de cette année que l’hydrocortisone, nom donné au cortisol lorsqu’il est fabriqué par synthèse chimique, est utilisé pour des études sur les maladies de peau et sera définitivement adoptée pour traiter des maladies comme les dermatites atopiques (eczéma), le psoriasis, etc… Cela étant, à cette époque on soupçonnait déjà l’existence d’effets secondaires, ce qui a valu plusieurs essais cliniques. Les fameux Dermocorticoïdes étaient nés.

 

1954 les initiateurs de la corticothérapie locale en dermatologie Marion B. Sulzberger et Victor H. Witten, deux dermatologues américains, jugent les résultats obtenus sur la dermatite atopique comme encourageants : « 70 % des patients, enfants, adolescents et adultes et 65 % des nourrissons traités étaient améliorés. Des résultats positifs étaient obtenus dans le traitement des autres formes d’eczémas, de psoriasis, des prurits anogénitaux et des lichénifications circonscrites » selon leur long article sur le sujet. C’est pour eux un incontestable progrès dans ces maladies cutanées où il n’existait peu ou pas de traitements efficaces. Ils réfutaient la possibilité d’une absorption systémique c’est à dire, le fait que les dermocorticoïdes puissent agir sur le corps dans son ensemble, préférant retenir la possibilité d’une mauvaise application de la part du  malade ou du médecin sur des zones supposées non traitées en cas de mauvais effets. Nous en sommes encore là aujourd’hui, pas moins de 70 années plus tard dans la pensée générale. Or nous savons maintenant que les cosmétiques passent pourtant bien dans le sang.

 

 

L’addiction ou dépendance à la cortisone :

 

 

Nous l’avons vu, les corticoïdes de synthèse existent et sont utilisés depuis finalement très peu de temps ; c’est à dire moins de cent ans. Aujourd’hui, 70 années plus tard, même si la cortisone chimique a été une révolution dans les médicaments et s’est révélée utile pour beaucoup de maladies, nous sommes en droit de douter sur la réelle efficacité des Dermocorticoïdes pour les maladies cutanées.

 

Certes la cortisone sauve des vies, mais peut causer comme traitement à long terme beaucoup d’effets secondaires déjà observés à l’époque. Il est dit que l’aggravation d’une dermatose infectieuse ou parasitaire témoigne d’une erreur initiale de diagnostic. Mais en même temps la presse médicale parle de corticophobie ou dermocorticophobie dans le cas des crèmes plus précisément, car la cortisone ferait l’objet de peurs irraisonnées selon eux. 

 

Or depuis l’apparition des réseaux sociaux notamment, nous pouvons voir le nombre de patients atteints de dépendance à ces dermocorticoïdes grimper, souvent livrés à eux même et forcés de faire un sevrage après des années de prescription de cortisone en crème ou pommade par leurs médecins ou dermatologues. Jugés à tort par les spécialistes d’en avoir trop consommé par eux-mêmes, malgré la preuve des ordonnances.

 

S’il parait évident que les dermocorticoïdes s’avèrent miraculeux sur des problèmes de peau comme l’eczéma au premier abord, ils ne soignent pas forcément pour autant. Ils masquent bien souvent les problèmes, aggravant et multipliant les zones touchées à l’arrêt de ceux-ci. Obligeant les médecins à augmenter toujours un peu plus les doses des patients. Cela finit par créer une accoutumance.

 

Depuis 1939, ce qui n’est pas si vieux, la cortisone a été développée sous beaucoup de formes différentes. Leur utilisation inappropriée a atteint un pic dans les années 70. De nos jours il n’est pas rare de sortir de chez le médecin ou le dermatologue avec des corticoïdes à application cutanée mal prescrits, et généralement peu de précisions. 

 

S’il faut du recul pour parler d’effets secondaires, alors ils commencent à se faire ressentir. C’est maintenant que nous sommes le plus à même d’en parler. Aujourd’hui nous savons aussi que la barrière cutanée ne suffit pas à empêcher les composés des cosmétiques de pénétrer dans notre organisme. Il ne faut pas négliger le fait qu’une partie des glucocorticoïdes topiques appliqués localement, atteignent la circulation sanguine. Les dermocorticoïdes sont devenus un réflexe de prescription même pour des cas minimes, au lieu de chercher la cause. Sans même aucun test aux patients pour savoir si leurs surrénales vont supporter.

 

 

Les effets indésirables connus

 

 

Les études scientifiques révèlent que le traitement par dermocorticoïde est complexe. Les effets secondaires sont variables allants de simples effets cosmétiques à des perturbations endocriniennes sérieuses. Cela dépend de plusieurs facteurs :

 

– La durée ; Pour des dermocorticoïdes de classe 4, il ne faudrait pas dépasser trois semaines de traitement ininterrompu pour une médicamentation journalière.

 

– L’âge ; Les enfants et les personnes âgées sont plus sensibles car leur peau est plus fine et plus fragile.

 

– Doses et puissance ; Les risques d’effets indésirables sont accrus lorsqu’elles sont élevées.

 

– Localisation ; L’absorption percutanée augmente au niveau du visage, des parties génitales et des plis comme les aisselles, l’aine et les sous-mammaires, en raison de la peau plus fine et humide de ces parties.

 

– Etendue ; L’absorption est plus élevée si la surface traitée est grande. Elle est d’autant plus forte quand la peau est enflammée, recouverte de plastique, de couches ou d’habits moulants car cela obstrue.

 

 

Ainsi les dermocorticoïdes pris sur le long terme, même en petite application localisée, peuvent rendre dépendant. Cette dépendance a un nom : le « Syndrome de la peau rouge » ou internationalement « Red Skin Syndrome ». En France cette maladie n’est pas encore ou peu reconnue par les médecins et spécialistes, laissant les personnes atteintes souvent livrées à elles-mêmes.

 

A ce jour, un débat sur l’utilisation systématique et prolongée de la cortisone ou autres immunosuppresseurs en cas d’eczéma, est devenu nécéssaire.

 

 

 

Ecrit par : Olivia

 

Article avec sources scientifiques : Le Red Skin Syndrome

 

6 commentaires

  • Meloch dit :

    Merci pour cet article hyper intéressant ! Donc dans le cas d’un rss je suis en manque de cortisol naturel ? Donc mon corps flambe de partout par manque d’anti inflammatoire naturel ?

    • AssoVDD dit :

      Merci pour le commentaire et l’intérêt pour l’article, en effet d’après nos recherches le manque de cortisol est un des facteurs. Il en existe plusieurs (comme la dilatation des vaisseaux sanguins) mais malheureusement il y a encore trop peu d’études scientifiques. Nous travaillons pour des traductions futures de certains articles sur ces sujets

  • Roma dit :

    Bravo beau travail, très bien expliqué. Malheureusement la réalité pas encore acepte par les dermatos qui continuent à prescrire comme traitement longue durée.

  • ArmelleFK dit :

    Super article et très bien documenté. Merci.

  • Mark dit :

    Thanks for your blog, nice to read. Do not stop.

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